FactuelA deux mois d’élections qui s’annoncent serrées, le dirigeant nationaliste multiplie les gestes en faveur du pouvoir d’achat.
L’affiche doit être obligatoirement placardée depuis mardi 1er février devant la porte de tous les supermarchés et jusque dans les plus petites épiceries du fin fond de la Hongrie : « Chers clients ! Le gouvernement a décidé d’instaurer un gel des prix des denrées alimentaires de base », proclame-t-elle sur fond bleu, la couleur habituelle de la propagande officielle en Hongrie. « Les prix des produits concernés doivent être fixés de manière à ne pas dépasser ceux du 15 octobre 2021 », détaille le texte avant de lister six denrées de base : sucre glace, farine de blé, huile de tournesol, lait à 2,8 %, poitrine de porc, blanc et carcasse de poulet.
Dans ce supermarché Spar de Budapest, mardi matin, l’effet est immédiat : « Notre blanc de poulet coûte 300 forints (0,85 euro) de moins qu’hier », vante la vendeuse du rayon boucherie derrière une montagne de blancs de poulet roumains vendus à 4,20 euros le kilo. « Avec la différence, on peut s’offrir une carcasse pour la soupe », ajoute-t-elle, en laissant entendre que cela pourrait la pousser à voter pour le premier ministre nationaliste Viktor Orban aux législatives du 3 avril. D’autant qu’elle vient aussi de bénéficier de la forte hausse du smic décidée en janvier.
A deux mois d’élections législatives qui s’annoncent les plus serrées pour lui depuis 2010, M. Orban est visiblement prêt à multiplier les cadeaux pour contrer une opposition unie qui lui reproche de ne pas avoir assez fait progresser le niveau de vie des Hongrois pendant ses douze années au pouvoir. Si celles-ci ont été marquées par une hausse générale des salaires, elle reste moins forte que dans d’autres pays d’Europe centrale. 13e mois de pension et les jeunes de moins de 25 ans seront totalement exonérés d’impôt en 2022.
Gel des prix
Mais cela ne suffisait pas face à une inflation galopante qui a atteint 7,4 % en décembre 2021 sur un an, un des taux les plus élevés d’Europe. Certains produits de base comme l’huile, la farine ou la margarine ont même grimpé de plus 20%. « Une situation exceptionnelle » selon M. Orban, qui a défendu le gel des prix, une mesure rarissime dans l’Union européenne en estimant « que le gouvernement ne pouvait pas rester assis et attendre que les acteurs du marché ajustent les prix ». Prévu pour durer jusqu’au 1er mai, soit quelques semaines après le scrutin, le blocage des prix alimentaire s’ajoute à celui de l’essence à 480 forints par litre (1,35 euro), déjà en vigueur depuis le 15 novembre.
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